Potentiel artistique fort
LE LIEU, SOURCE DE VERITE ARTISTIQUE
Déjà pratiquée dans la musique pop, mais peu mise à l’œuvre dans les univers du classique et du jazz, la démarche met en valeur des lieux chargés d’une histoire et d’une personnalité très fortes. Après une première saison riche d’artistes tels que Rosemary Standley ou Yael Naïm, la seconde s’ouvrira sur une captation scénographique d’un concert des Arts Florissants, aux Greniers Saint-Jean. « L’espace large et voûté avec une charpente magnifique donne au son une chaleur très intéressante. Le lieu est toujours à l’origine du son, il renferme un aspect de la vérité de la musique, et donc de sa raison d’être ! », souligne le chef Paul Agnew. Les frustrations des captations très figées pendant les confinements ont nourri le désir de de nouvelles formes visuelles. « Nous avons fait passer les caméras entre les chanteurs, c’était un gros risque ! La liberté de ce projet nous a permis de créer des atmosphères diverses qui répondaient à chacun des textes chantés. »
UN OBJET D’ART AUTONOME
Affranchi de la pure captation, le format vidéo de la série « Angers pousse le son » devient un objet d’art autonome, au-delà d’un simple média au service du contenu. En témoignent la diversité des offres visuelles, en 6, 13 ou 52 minutes… Le chorégraphe de danse hip-hop Mourad Merzouki a pris parti de ce nouveau challenge, en adaptant son spectacle scénique Folia, interprété avec les musiciens du Concert de l’Hostel-Dieu : « nous avons redécoupé certaines scènes pour qu’elles soient compatibles avec la réalisation du film. Le spectateur évolue à travers différents tableaux qui mettent en lumière la folie de la danse, du visuel et du spectaculaire ». La technique américaine et le rapport au corps très urbain du réalisateur Alexinho Mougeolle a su valoriser l’effet produit par le nombre des danseurs, en y mêlant des plans concentrés autour des éléments de la splendide tapisserie “Le Chant du Monde” de Jean Lurçat, exposée à l’Hôpital Saint-Jean.
ENRICHIR LE SENTIMENT PAR L’IMAGE
De son côté, la réalisatrice angevine Marine Francen a pu exprimer sa vision dans le décor du Château d’Angers. « J’ai travaillé une mise en scène qui se prêtait à l’humeur douce et mélancolique de la musique de Lalaland, interprétée par le guitariste Thibault Cauvin. Les images s’accordent sur cette tonalité pour enrichir le sentiment ; nous nous sommes appuyés pour cela sur la matière des murs, sur les éléments naturels, sur le caractère aérien des remparts et sur la météo très orageuse ! On ne voulait surtout pas rendre une carte postale du lieu, mais inviter à la découverte. » L’Abbaye du Ronceray, et le Museum d’histoire naturelle ont accueilli également les regards de la chanteuse Noëmi Waysfeld, du violoncelliste Christian-Pierre La Marca, et du groupe angevin Lo’jo. Les artistes locaux ou lointains offrent des perspectives sur des horizons très variés, parfois au cœur d’un même projet, comme avec Folia. « Les musiques baroques ont été pensées pour la danse, elles sont populaires et souvent joyeuses. On retrouve beaucoup de points communs avec le hip-hop », affirme le chorégraphe Mourad Merzouki.
AU SERVICE DE L’EMOTION ET DU CONCERT
Une large diffusion sur France 3 Pays-de-la-Loire, partenaire du projet, sur Youtube et sur le site d’Angers pousse le son permettra de faire découvrir les projets artistiques et le patrimoine local hors de leur berceau… pour appeler les musiciens sur scène, et le public auprès d’eux ou sur les lieux des tournages. Car « le numérique n’est pas une fin en soi », insiste Nicolas Dufetel, « il doit se mettre au service de l’émotion et du concert ». Simon Graichy et et Astrig Siranossian, présentés lors de la première saison, ont ainsi été invités à l’occasion de la programmation culturelle estivale d’Angers, Tempo2Rives…. Des sollicitations qui répondent directement à l’esprit d’une initiative qui « pousse les portes de la ville », guidée par le son.
